Mario. Voilà un nom bien singulier pour une saga nettement moins singulière. Un nom qui, depuis plus de vingt ans, n’a pas cessé de faire parler de lui dans notre immense communauté de gamers assidus. Un nom qui, soyons en sûrs, s’inscrira très vite dans notre beau patrimoine culturel. En gros, un nom qu’il est préférable de ne pas salir. Et c’est bien là le problème.Depuis quelques temps, soyons honnête, Nintendo n’a pas fait pencher la balance en faveur de Mario : du très controversé Super Mario Sunshine aux innombrables parties de Sport du jeune plombier, le moustachu aura fait face à de nombreux obstacles sur son petit parcours pixelisé. Après tant d’écarts, il était temps pour Nintendo de nous prouver à nouveau tout son potentiel, sans quoi sa mascotte aurait commencé à perdre de sa crédibilité. L’ont-ils fait ? Difficile de répondre uniquement par oui ou par non. Pour comprendre le cas « Super Mario Galaxy », il faut analyser les choses une par une, peser le pour et le contre, décortiquer les multiples aspects de l’engin. Mario dans l’espace suscite déjà de nombreux débats, et il y a de quoi.
Commençons par le scénario – à nouveau complètement bidon – de ce tout nouveau Super Mario. Notre cher plombier, qui décidément n’a rien d’autre à foutre que d’aller à des rendez-vous organisés par la princesse, se retrouve plongé au cœur d’un drame tout à fait original : Peach a été kidnappée par Bowser ! Oui, vous avez bien lu, Nintendo n’a toujours pas prévu de script pour ses jeux vidéos (Super Mario Sunshine n’ayant été que l’exception qui confirme la règle). Dans un sens on s’en fiche un peu, puisque quand on achète un jeu, on ne le fait pas dans l’optique de se taper un bon film. Ce qu’on cherche, c’est de l’aventure, de la maniabilité, du renouveau, du plaisir, de la difficulté, bref, un bon jeu comme Nintendo savait en faire il y a un siècle environ.Trouve-t-on alors ces ingrédients dans le Mario tout nouveau ? Difficile à dire. Ce qui est sûr, c’est qu’une fois de plus, nous n’aurons pas droit à un Mario traditionnel. Non, notre firme préférée propulse l’italien en orbite, pour une épopée au cœur des étoiles. Cet aspect constitue pour moi le défaut principal du jeu : le nouvel univers dans lequel évolue Mario est tout sauf attractif. Les Luma, ces petites étoiles qui polluent tout le jeu, n’ont rien de révolutionnaire. C’est sans parler des dix millions de fragments d’étoiles, de la grande dame qui ressemble à Peach, des mondes complètement bordéliques, ou du minable observatoire de la comète.En gros, le plombier évolue dans un univers pataud, tout sauf attachant, qui ne donne rien d’autre qu’une grosse impression de vide. L’aspect « continental » des décors de Super Mario 64 ou même de Super Mario Sunshine manque assurément.
Ces derniers nous garantissaient des phases d’explorations inoubliables, dans lesquels nous devions sans cesse revisiter le monde découvert. L’espace ne permet que des parcours linéaires, décidés de A à Z par les programmeurs, et complètement fermés à toute tentative de découverte personnelle ou d’évasion. Les décors, comme morcelés, sont constitués d’une centaine de micro-niveaux, bouclés en 3 secondes pour la plupart, qui donnent une désagréable impression d’inachevé. Ce genre de progression correspond à un Mario 2D, mais certainement pas au type de jeu que nous décrivons ici.Qu’en est-il alors du contenu même de ces niveaux ? Globalement, nous pouvons reconnaître que Nintendo fait preuve d’une originalité et d’une diversité certaine : De la traversée d’un vieux Mario à la redécouverte des bateaux volants, le jeu sait satisfaire à la fois les vieux de la vieille et les petits nouveaux. Sans cesse, on se demande ce que l’équipe nous réserve, et sur quel genre de planète nous allons mettre les pieds.Mario Galaxy étonne par sa bande son décoiffante : intégralement orchestrée, la musique du nouveau Mario offre à notre patrimoine une palette de chef d’œuvres. De l’inoubliable mélodie de la Comète de l’observatoire à la magistrale composition des jardins venteux, les musiciens n’ont pas chômé, et ce n’est rien de le dire. Attention cependant aux quelques morceaux fades tels que le mauvais remix de la musique des souterrains, qui pourraient venir faire de l’ombre au tableau mélodieux du jeu. Car oui, même si la plupart des passages musicaux sont inoubliables, certains laisseront le joueur sur sa faim, notamment à cause de leur banalité.Qu’en est-il maintenant de la difficulté du jeu ? C’est sûr, depuis quelques temps, Nintendo a préféré jouer la carte du Tout Public : le récent « New Super Mario Bros. » nous prouve assez aisément que la célèbre compagnie tente de fidéliser nos chères têtes blondes, prenant le risque de décevoir ses plus fidèles acolytes. Depuis quelques temps, le côté suicidaire des jeux Mario a laissé place à des opus simples, courts, banals, qui, c’était inévitable, ont suscité du mépris au sein de la communauté. Malheureusement pour nous, Mario Galaxy n’échappe pas tout à fait à la règle : Si certains passages renouent avec la difficulté du temps jadis, le jeu reste dans son ensemble accessible à tous. Les moments ardus sont assez rares, et ne sont pour la plupart que des bonus pour ceux qui voudraient relever le défi de finir le jeu à 100%.
Les missions principales sont pour la plupart ridiculement simples, et bouclées en quelques minutes. Ce n’est qu’au travers des niveaux « oldies » ou grâce aux nombreux boss qu’on retrouve le côté épicé de la saga. Dans un sens, on peut comprendre le choix de Nintendo : à travers ce nouvel volet, les programmeurs essayent de satisfaire à la fois les anciens et les nouveaux joueurs.Quant au côté gravitationnel, il apporte à la fois des épreuves trop simples et des challenges sacrément corsés : alors qu’à certains moments ce nouvel aspect entache le côté purement « plate-forme du jeu », il nous offre aussi de purs instants de casse-tête (comme le deuxième repaire de Bowser, qui nous pousse à rejouer une bonne dizaine de fois pour trouver la solution).Attention aux nombreux champignons 1-UP éparpillés aux quatre coins du jeu : ils sont une preuve indéniable du côté « hyper-accessible » de ce jeu. Car finalement, avec autant de vies, difficile d’avoir Game-Over. Pour créer leur propre défi, les mélancoliques pourront toujours éviter de ramasser ces petits machins vert …Mario Galaxy demeure le jeu le plus paradoxal auquel j’ai jamais joué, et c’est pourquoi il est très difficile de le juger, de le tester, de le classer. D’un monde à l’autre, d’un aspect à l’autre, d’une découvert à l’autre, l’aventure paraît différente. De l’émerveillement au dégoût, on passe par une palette assez impressionnante de sentiments. Des mondes comme le Volcan de Glace sont à bannir tellement ils sont médiocres, alors que la boîte à jouet nous offre d’excellents moments de jeu. Il en est de même pour les idées générales du jeu : Alors que les parcours à la « Monkey Ball » nous étonnent, les petits fragments jaillissant de partout nous énervent au plus haut point (surtout si on considère leur utilité…).Ces fragments, d’ailleurs, constituent la nouveauté la plus incompréhensible du jeu. Moches, presque inutiles, encombrants, ils semblent combler une variable perdue dans les méandres de la programmation de cet opus. Leur comptabilisation même laisse à désirer : Il vous suffit parfois de mourir pour aller vous fournir en fragment qui, si vous n’avez pas quitté le niveau, restent statiques au compteur. En prenant trente minutes sur le même niveau avec quelques vies en réserve, vous pouvez clairement faire le plein pour le reste de l’aventure.
Parlons maintenant de la durée de vie du petit nouveau. Cette fois, il n’est plus question de combler la moitié du jeu avec des pièces bleues introuvables, comme ce fut le cas pour l’opus Gamecube. Nintendo paresse toujours, mais d’une manière plus subtile : Ainsi, on ne compte pas le nombre d’étoiles trop faciles à trouver (Parlons à Luigi … wouw, une étoile !), casées à la va-vite (paf, le joueur doit refaire le monde en 4 minutes), ou « chiantes » à obtenir (la fameuse quête des pièces violettes laisse à désirer).Finalement, même si le jeu paraît complet, les programmeurs ont pris un bon nombre de libertés. Des libertés qui allongent le jeu pour rien, qui le rendent parfois répétitif et médiocre. D’accord, un effort a été fourni depuis SMS, mais on est loin des 120 étoiles si bien réparties du bon vieux Super Mario 64.En parlant de cet opus, il est intéressant de noter que le « bonus » offert aux joueurs à la fin du jeu est nettement plus sympathique qu’à l’époque. Mais pour ne pas gâcher votre plaisir dans le cas où vous n’auriez pas fini le jeu, je préfère ne rien révéler à ce propos.Je n’aborderai que très brièvement le thème de la maniabilité. En effet, il n’y a pas grand-chose à dire : la prise en main est simple, les sauts de Mario sont toujours aussi sympas à exécuter, et il n’est finalement pas très compliqué de gérer Mario en gravité.Pour réellement apprécier Super Mario Galaxy, il est préférable de ne pas le comparer avec ses prédécesseurs. En effet, isolé, il s’impose comme un jeu tout à fait novateur, intéressant, amusant.
C’est que ce premier volet sur Wii propose un palette assez variée de nouveautés en tout genre, qu’on apprécie ou non. Des costumes fanfarons du héros aux virées en bulle, Nintendo a su faire preuve d’imagination et de créativité. Ces nouveautés apportent forcément un contraste par rapport aux autres opus, puisqu’elles éloignent la saga des sentiers battus. La plate-forme est nettement moins au rendez-vous, et laisse place à une série de défis assez différents les un des autres : surf, boule qui roule, vol en abeille ou encore chasse au requin.C’est en comparent le jeu aux autres Mario qu’on prend quelques risques puisque, dans l’ensemble, il n’est pas à la hauteur des espérances. Ce nouvel opus souffre d’une réalisation trop abstraite, trop « bordélique » comme je l’ai déjà dit plus haut. On a parfois l’impression de jouer à un Mario qui n’en est pas tout à fait un, d’explorer une dimension parallèle dans laquelle sont éparpillés de bons et de mauvais ingrédients, de bonnes et de mauvaises idées, tirés de l’univers Mario ou non.Définitivement, Super Mario Galaxy demeure le type même du jeu imparfait, incomplet, impossible à évaluer clairement, mais qui offrira aux joueurs des heures de fun et de découverte. Loin d’être un chef d’œuvre, il permet cependant à la saga de se remettre sur les rails et de nous offrir, espérons le, des jeux de bonne qualité à l’avenir.
Critère | Note |
Graphismes | 7/10 |
Musiques | 9/10 |
Maniabilité | 10/10 |
Durée de vie | 7/10 |
Fun/Plaisir du jeu | 9/10 |
Note Finale | 15/20 |